Témoignage de la rafle au lycée Buffon

Publié le 29 Mai 2013

Témoignage de la rafle au lycée Buffon

Par Mademoiselle de Fréville :

Moi qui me sentais lasse hier1 matin, car je n'avais pu rester jusqu'au bout avec les Veilleurs dimanche soir et que j'avais cette impression de ne pouvoir agir, j'ai eu en quelque sorte ma revanche. Vers onze heures, lorsque j'ai vu l' « alerte » sur Le Salon Beige, j'ai décidé d'aller à Paris l'après-midi. En pensant rentrer vers dix-neuf heures trente au plus tard, j'avais en fait vu assez juste.

Je suis donc arrivée plus d'une heure en avance devant le fameux lycée Buffon et attendais sagement à côté des lycéens. Les policiers et CRS m'avait en effet laissée passer puisqu'ils ont dû me prendre pour une lycéenne. Ensuite, à quinze heures, nous n'étions que trois à crier des « Hollande démission » ou autre devant le bâtiment et à quelques mètres du dictateur alors que les lycéens applaudissaient bêtement M. Hollande. Alors, bien évidemment, comme j'ai voulu m'approcher un plus près du président de la République, je me suis un peu faite chahuter. Voyant que ça ne servait à rien, j'ai alors entendu le vrai groupe d'accueil qui se situait à 200 mètres et je l'ai rejoint avec deux autres personnes qui avaient pu approcher le lycée – dont la personne aveugle dont on a parlé. C'est là que j'ai brièvement discuté avec une jeune fille qui avait transmis l'information sur internet pour le rendez-vous. Elle m'a alors dit que la population du lycée était affreuse. « Ce sont tous des communistes et radical-socialistes ici, laisse tomber ! »

Ayant rejoint la centaine de personnes présentes, j'ai alors aperçu quelques amis – dont l'un bien reconnaissable grâce à son petit drapeau du Sacré-Cœur. En à peine un quart d'heure, nous avons alors été pris un par un par les gendarmes – ou CRS, je ne sais plus – et ce fut au départ toutes les filles, puis les garçons. Auparavant, je me suis amusée à coller quelques autocollants du Printemps Français, avec une fille, sur une voiture de la préfecture de Police – mais sans être vue ! C'était assez drôle et j'ai trouvé stupide qu'ils n'aient pas pensé à garer leur voiture ailleurs !

Dans le car, il y avait une superbe ambiance ! Nous avons bien chanté, bien tapé et bien ri, en attendant qu'ils remplissent les deux cars. Ils devaient sûrement avoir un quota à respecter. Ensuite, nous avons eu le droit à une belle ballade en panier à salades dans Paris et, souvent, le conducteur roulait sur la voie de gauche et les sirènes de la voiture qui nous escortait retentissait très bien. Ces idiots ont laissé le mégaphone à l'un des manifestants dans le car, alors pendant tout le trajet, il a pu le caler sur l'une des aérations du dessus et on pouvait alors bien nous entendre de dehors. Je crois bien, que notre voyage a fait plus de bruit et d'impact que notre accueil. Alors si maintenant les policiers favorisent notre publicité, c'est parfait !

Le plus long était alors d'attendre, pour sortir du car, quatre par quatre – et les filles en premier. J'ai alors demandé à l'un des policiers : « Mais, y a-t-il une différence entre une fille et un garçon ? Je ne le savais pas ! ». Nous avons bien ri.

Le plus drôle fut la vérification d'identité. Quand ils m'ont demandé ma qualité, j'ai obligatoirement repensé aux Compagnons de Jéhu2 et avais bien envie de répondre « royaliste » ! Mais je me suis abstenue et ai répondu sagement : « étudiante ». Peut-être que la prochaine fois (s'il y en a une), je le ferais ! Ensuite, lorsque l'on nous a demandé le motif de notre présence, j'ai simplement dit : « pour exprimer mon mécontentement ». D'autres disaient à côté : « pour accueillir chaleureusement François Hollande ». Les policiers avaient l'air de sourire lors de nos réponses. Puis nous avons attendu assez longtemps dehors dans une sorte d'enclos. Une fille a même dit que l'on nous prenait pour des moutons. Nous avons alors rétorqué tous en cœur : « nous ne sommes pas des moutons de Bergé ! »

Après, d'autres garçons nous ont rejoints et en constituant un petit groupe de cinq personnes, nous avons récité notre chapelet. Ça n'a pas du tout plu aux policiers qui travaillaient dans les bureaux à côté. Apparemment les chants des Ave Maria n'étaient pas leur tasse de thé et ils ont alors fermé leur fenêtre. On nous a alors relâchés par groupes de dix et je suis partie avec trois amis. Nous ne nous sommes pas gênés pour chanter Ce n'est qu'un au revoir dans les couloirs du commissariat et, dans les rues et dans le métro, nous avons entonné de très beaux chants ! Cependant, il a fallu éviter les journalistes du Petit Journal3 à la sortie. Ce sont les pires, et leur émission est toujours affreuse !

Et tout cela ne nous empêchera pas de recommencer...

1Lundi.

2Œuvre d'Alexandre Dumas adaptée pour la télévision par Michel Drach.

3Emission de Canal+.

Rédigé par Jean de Fréville

Publié dans #ONLR, #loi taubira, #actu

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